Quid des Uranides

Salut à tous.
Je suis nouveau sur le forum, et novice dans l’élevage d’exotiques mais déjà bien motivé.
Ca fait déjà plus de deux mois que je parcours de temps à autres les innombrables posts de ce forum ; lourd travail de remise à niveau pour les nouveaux arrivants, mais quelle mine d’informations…bien joué Mistic. En revanche, je crois n’avoir rien vu sur les Uranidés, et notamment les Chrysiridia
Bien sûr, bien qu’hétérocères, les imagos se comportent plutôt comme des diurnes, avec toutes les complications d’élevage que cela implique. J’imagine aussi que les plantes hôtes : Omphalea sp. ne courent pas les rues, mais les adultes sont si beaux…(et parfois disponibles chez les fournisseurs anglais, il me semble).
Peut-être que quelqu’un a tenté quelque chose… ou bien n’est-ce qu’une lubie de débutant ? Avis aux « diurnistes » ( JPV… ?) et autres ambitieux et talentueux éleveurs de chapae, dubernardi, mittrei…
Pour ma part, comme tout un chacun, je vais déjà faire mes premières armes en nocturnes sur P. ricini. Mais si quelqu’un a des infos sur l’élevage des Chrysiridia ou même Lyssa zampa, je suis preneur pour un futur challenge.
En attendant : bons élevages et bonne année à tous.
Thomas.

Salut Tom,

Bienvenu à toi sur le Forum !!!
et bonne année !

Pour quelqu'un qui débute, tu vois trop grand !!!

Effectivement les Uranidés sont de fabuleux hétérocères mais l'élevage des chenilles est un vrai calvaire !!!

L'Omphalea étant la seule plante qu'accepte l'espèce et vu que ce n'est pas une plante facile à trouver .....!!

Les chenilles galoppent sans arrêt dans tous les sens et font des fils de soie partout.
Tout comme les chenilles d'Ornithoptères, elles ne consomment quasiment que les pétioles de la plante . Résultat : Un beau gâchit !!!
Donc cela implique plusieurs pieds de la plante hôte.

Et pour couronner le tout, la chenille ne fait pas 5 à 6 stades mais une bonne 20aine !!!! Rien qu'ça !!

En esperant que ça décourage pas trop,

@+ Ludovic

Salut Ludovic.
Merci pour cette prompte réponse, et rassure-toi, il en faut plus pour me décourager.
Bien au contraire, je constate que c'est possible.
As-tu toi-même réalisé l’élevage complet ? Avec croesus ?

En fait, ce n’est encore qu’un lointain projet, mais comme dit Cetonide : « qui a la plante peut le faire »…(avec parfois un brin d’expérience et de matériel, tout de même…). D’ici à ce que j’aie obtenu suffisamment d’Omphalea, si j’en trouve (help !!!), j’aurai sans doute acquis assez de savoir-faire pour organiser les choses au mieux, ou assez de sagesse pour laisser tomber…

20 stades… bigre ! Pourquoi faire simple…

Merci encore en tout cas.
Thomas.

Salut,

Possible avec la plante mais encore faut-il en avoir !
L'idéal étant de l'élever sur place à Madagascar.

Hormis le premier stade qui a végété sur Sumac, non pas d'élevage complet.
Je n'ai pas la plante et même si je l'avais, il m'en faudrait une quantité suffisante.

La chenille fait 23 stades exactement si je ne trompe.

@+ Ludovic

Aïe! oui...pas gagné donc! Il me semble en plus que les adultes sont aussi assez sélectifs sur les plantes nectarifères...

Dernière question: parmi les espèces américaines ( genre Urania s.s.), y en a-t-il parfois de disponibles dans le commerce (pour l'élevage, bien sûr) ?
Je garde ça dans la poche, pour plus tard. Un jour peut-être...

Allez ; Philosamia ricini

A plus
Thomas.

J'ai eu l'occasion d'élever Urania croesus, espèce qui n'était connue que de Zanzibar mais qui est probablement plus répandue puisque les éleveurs de Tanzanie la propose quelquefois.
L’élevage a été conduit sur Omphalea diandra grosse liane des forêts d'Amérique tropicale aux feuilles allongées de 20 cm de long.
Les chenilles font énormément de dégâts en ne mangeant que les pétioles et en laissant tomber le limbe. De plus elles ont la fâcheuse manie de miner les tiges ce qui détermine la mort des feuilles situées au dessus. Il n’est pas possible de les faire changer de comportement en les isolant dans une boite avec des feuilles ou en manchonnant un rameau ; dans ces deux cas, il n’y a plus de croissance et elles dépérissent peu à peu .
Je ne pense pas que ce soit leur comportement naturel, mais plutôt que ces errements soient dues au fait que la plante employée ne leur convient pas complètement. Tous les éleveurs savent que le comportement et la croissance des chenille n’est souvent pas le même sur des plantes de substitution que sur leur plante hôte naturelle.
De plus le nombre de mues (16 à 20 )me semble excessif et tendrait à prouver une perturbation de leur physiologie. L’élevage n’a pas pu être mené à terme faute de plante puisque l’unique pied que j’avais a été entièrement ravagé alors qu’il y aurait eu assez de feuilles pour en nourrir complètement 4 fois plus.

Autre espèce élevée avec succès cette fois ci , Urania leilus de Guyane sur la même plante. Il est vrai qu’il s’agit là de sa véritable plante hôte et de fait l’élevage des chenilles s’est déroulé sans problème en à peine un mois, avec 6 stade larvaires ce qui est plus raisonnable.

Dans les 2 cas l’accouplement s’obtient facilement au crépuscule ou en début de nuit dans un volume réduit (1m3). La ponte (environ 200 œufs) suit en peu de jours et, pour U.leilus au moins, s’étale sur prés de 1 mois dans de simple manchons de 30cm de diamètre.
Les chenilles grégaires sont extraordinairement mobiles et leurs longs poils les rendent insaisissables. Une fois sous leur feuille dont elles rongent la cuticule, elles se laissent tomber à la moindre alerte, suspendues à un fil de soie qu’elles escaladent une fois le danger passé.
La chrysalide se fait par terre dans un cocon très ajouré comme du grillage. Elle est très sensible à la dessiccation et doit être impérativement conservée dans un milieu très humide voire saturé en eau (mousse naturelle ou tourbe par exemple)

Extra !

Mille merci Jean-pierre !

Comme il paraît résolument impossible de se procurer Omphalea mansfeldiana d’Afrique de l’Est, j’avais justement recentré mes recherches sur U. leilus. Je trouve l’espèce plus gracieuse que U. fulgens. De plus, (coup de chance ?), il semble qu’elle ait massivement colonisé la Guadeloupe depuis quelques années, au point d’ inquiéter certains habitants.

Reste que Omphalea diandra a l’air d’être encore assez rare sur l’île, bien que cette invasion sympathique ait été mise en relation avec son expansion…
Objectif Guyane, donc ! J’espère avoir un jour l’occasion d’y aller .

Pour leilus, comment se comporte-t-il en serre ?
Les adultes sont-ils vraiment chouchouille sur le choix des plantes nectarifères ?
En ce cas, comment les nourrir ?
J’avais pensé à du Liatris blanc (bien nectarifère, et qui visuellement se rapproche de ses plantes fétiches locales) ou bêtement du Buddleia…mais pour l’hiver…pentas ou lantana blanc ? nectar reconstitué pulvérisé sur une fausse plante?

Chrysiridia, Urania, Alcides….quand même, quelle belle famille.

Thomas.

Le comportement des Uranias est plutôt mauvais en serre, sauf dans des immenses ou alors dans des petites volières.
Comme ce sont des hétérocères proches des Noctuelles, elles sont très gourmandes et se nourrissent sans problème d’eau miellée ou de tout autre liquide sucré qu’elles boivent avec avidité. Donc un coton imbibé de cette solution et posé au plafond de la cage ou au somment du manchon permet de les maintenir en vie plusieurs semaines sans problème.
Assez curieusement ils s’abîment peu les ailes dans un volumes aussi petit que celui d’un manchon ;ils ne se débattent pas comme le font beaucoup de rhopalocères et se contentent d’arpenter le plafond.

Coton imbibé ! C'est noté !

Finalement avec quelques précautions ça semble très réalisable, c'est cool.
Par contre dommage pour la serre ; c'est quand même frustrant de ne pas laisser voler librement de si belles ailes.

J'essaierai donc tout ça en volière dans quelque temps.
Encore merci Jean-Pierre!

NB: Je doute que vous ayez beaucoup de place à sacrifier à une telle plante, mais s'il vous reste un peu d'Omphalea (malgré croesus), je vous achèterais bien quelques graines ou une bouture.

Thomas.