Attention aux kalanchoes

Bonsoir,

Il est attirant le petit kalanchoe des jardineries pour sa volière de papillons diurnes:

- plein de petites fleurs qui durent longtemps
- du nectar
- floraison en hiver
- petit volume
- pas cher

Bref la plante idéale en hiver sauf que... je le soupçonne d'être bourré de produits chimiques qui se retrouvent dans le nectar. Les papillons que je vois butiner dessus meurent ou présentent des troubles inexplicables alors qu'ils paraissaient en pleine forme.

Je ne suis pas sur que ce soit ça mais j'ai des doutes, surtout quand je vois un bel héliconius, plein de vie, mourrir sans aucune raison en un temps largement inférieure à son espérance de vie après l'avoir vu butiner consciencieusement mon kalanchoe (et ça s'est reproduit pour un autre papillon qui présente maintenant comme des troubles nerveux) . Je ne pensais pas que les produits chimiques pouvaient passer dans le nectar mais????

Quelqu'un a t'il observé des choses similaires?? Je continue à observer en attendant.

A+

Bruno

Les Kalanchoé sont effectivement traités en serre contre les pucerons et les cochenilles pour ne citer que les parasites les plus fréquents. Pas étonnant que les papillons en pâtissent.

A titre d’exemple pour illustrer la rémanence de certains de ces pesticides, j'ai fait mourir des chenilles en L5 de Papilio memnon pendant 2 ans et demi après une pulvérisation de Décis (pulvérisation à 0,007% de deltaméthrine) alors que la plante avait à chaque fois été effeuillée, lavée, taillée. Quand on sait que le délai de traitement avant consommation est de 7-10 jours et que c’est l’insecticide les plus employé, on frémit de sa rémanence, même si on sait que les pyréthrines de synthèses sont beaucoup moins toxiques pour les animaux homéothermes (= à sang chaud) que nous sommes.

Salut Bruno,

J'ai eu exactement le même problème lorsque je m'occupais de la serre à papillons du Lycée horticole où j'ai fait mes études.

Par manque de fleurs à la veille des portes ouvertes, j'avais acheté quelques Kalanchoe blossfeldiana à l'exploitation. Le lendemain après réception et libération des papillons, tous le monde se portait à merveille. Seulement le soir, les bêtes ayant malheureusement profitées du nectar étaient en agonie ça et là. Principalement Heliconius, Greta, Parides et quelques Papilio.

Pas eu le temps de faire du préventif et quel résultat ! D'où la necessité de placer en quarantaine avant utilisation. Je soupçonne surtout l'engrais.

Techniquement l'engrais en lui même n'est pas la cause du problème, c'est plutôt le fait que beaucoup d'"engrais" utilisés en floriculture (et vendus en jardineries pour plantes d’intérieurs) ne sont pas seulement des engrais stricto-sensu mais contiennent aussi des insecticides systémiques.
La différence sémantique peut paraitre inutile, mais elle permet d'éviter certains amalgames à la mode du style "engrais = destruction".

Effectivement l'engrais n'est pas en cause, au moins pour ce qui est de la toxicité du nectar.

je suis plus réservé quant aux éventuels effets délétères sur les chenilles dont certaines réagissent assez mal à un apport d'engrais trés proche du moment où la plante est consommée.

Mais il faudrait affiner; les engrais employés sont des engrais dits "complets" avec Azote, Phosphore, Potasse et oligoéléments. Je soupçonne d'avantage l'azote que les autres constituants en particulier l'azote nitrique qui est trés rapidement métabolisé et dont la brusque augmentation de concentration dans la sève, avant sa transformation en acides aminés libres, pourrait perturber le métabolisme des chenilles.

Mais là aussi le problème n’est pas aussi simple : les chenilles des papilio des agrumes ne sont pas perturbées par un apport d’engrais récent qui à l’avantage de provoquer une poussée de feuilles tendres qu’elles consomment en priorité. D’ailleurs l’élevage uniquement sur des feuilles âgées depuis la naissance est peu satisfaisant quand il n’est pas impossible. A l’opposé de ces considérations, les chenilles d’Héliconius se trouvent mal d’une application d’engrais récente qui provoque des diarrhées régulièrement mortelles et pourtant elles ne peuvent pas survivre autrement que sur des feuilles très jeunes.

Comme on le voit, il s’agit d’équilibres subtils qu’il est malaisé de contrôler et qui pourtant conditionnent la réussite ou l’échec d’un élevage. La prudence est donc de mise