Voilà un problème récurrent et qui ne reçoit jamais de réponse satisfaisante.
C’est
LE grand problème de l’éleveur.
Les causes de maladies sont multiples : virus, bactéries, mycoplasmes, champignons…. Les miasmes ne manquent pas.
Lorsque l’attaque est foudroyante il s’agit généralement de
Virus. C’est imparable une fois le processus enclenché. Les chenilles ont d’ailleurs une tolérance aux virus étonnante. Dans le cas des Polyédroses par exemple, au moment où la chenille est en fin de vie, elle explose littéralement en projetant alentour des gouttelettes septiques. (Bonne stratégie du virus pour contaminer d’autres chenilles par simple contact avec ces gouttelettes.)
A ce moment, la masse de la chenille peut être pour moitié constituée de virus ! Quand on songe que les humains sont déjà très mal avec seulement quelques grammes de virus, on peut se dire que les chenilles sont proportionnellement beaucoup plus résistantes que nous. Mais voilà, elles meurent quand même.
En dehors de ces épisodes cataclysmiques dus à des virus, c’est trés souvent les
bactéries qui sont en cause. Les chenilles trainent, mettent du temps à mourir ou donnent des descendants peu vigoureux. Cette faiblesse est presque toujours mise sur le dos de la consanguinité, même au bout d’une seule génération ! Ce n’est évidemment pas le cas et c’est le paravent commode que l’on dresse devant son incapacité à fournir aux chenilles les conditions idéales d’un développement harmonieux.
Le fond du problème est bien là. Un élevage réalisé avec une nourriture mal adaptée, des facteurs physiques (température, hygrométrie, lumière) s’éloignant de l’optimum, une promiscuité forcée pour des chenilles solitaires, sont autant de facteurs de stress qui rendent les chenilles plus sensibles à tous les germes qui les environnent. Germes qui sont tenus en échec dans les conditions de vie idéale.
Certes la capacité d’encaissement d’une chenille est grande, sans quoi aucun élevage ne serait possible, mais elle a ses limites d’ailleurs très variable d’une espèce à l’autre. Certaines chenilles arrivent à subsister dans leurs crottes, le confinement humide, avec nourriture défectueuse. C’est souvent le cas de celles qui vivent au sol, jamais celui des arboricoles ou celles des biotopes secs, particulièrement sensibles.
On peut envisager de « soigner » les chenilles malades par exemple à l’aide d’antibiotiques dans le cas des
bactérioses, mais pas dans le cas des
viroses contre lesquels on est totalement démuni.
J'ai essayé divers antibiotiques aprés avoir fait faire des antibiogrammes en labo. C'était pour les chenilles de Papilios, toujours hyper sensibles.
Echec complet. Quelles doses employer pour ne pas tuer les chenilles? Quelle perturbation cette ingestion médicamenteuse provoque sur leur flore intestinale? Trop d'inconnues.
En fait à chaque fois que l’on trouvait des bctéries dans l’hémolymphe, il s'agissait de bactéries opportunistes et ubiquistes, non pathogènes en temps normal, mais qui deviennent virulentes pour une chenille stressées.
En définitive pas grand chose à faire sinon donner aux chenilles des conditions de vie le plus prés possible de leur optimum pour les rendre moins sensibles.
Les seuls moyens de lutte sont donc des moyens prophylactiques qu’on peut résumer de façon lapidaire :
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Désinfection des œufs avec une solution d’eau de javel dilué à 3% pour une eau de javel titrant à 9,5° (c’est habituellement la concentration dans les bidons). Quelques gouttes de liquide vaisselle ou de savon en guise de mouillant.
Un trempage des œufs une ou deux minutes suffit à détruire virus et bactéries présents sur le chorion de l’œuf (les acides nucléiques sont désorganisés par le chlore et le sodium de l’eau de javel).
Cette opération est facile avec les œufs de Saturnidae amis difficile avec ceux des Rhopalocères considérablement plus fragiles et de plus fixés solidement sur la plante.
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Nourriture de qualité, renouvelée fréquemment, surtout si les chenilles se mettent à promener alors qu’il y a encore des feuilles à brouter (c’est l’indication d’une altération du feuillage, pas forcément visible mais que les chenilles perçoivent bien)
- Pas de
surpopulation, surtout pour les chenilles solitaires. En revanche les chenilles grégaires ne doivent pas être séparées de leurs congénères ; leur développement est nettement ralenti si elles sont élevées une par une).
- Pas de
confinement dans des boites étanches, sauf éventuellement au début lorsque les chenilles sont petites et que la déshydratation est à craindre. Passer ensuite aux boites aérées ou mieux à l’élevage sur rameaux coupés.
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Lumière, voire soleil. La plupart des chenilles vivent à découvert et apprécient le soleil (attention aux effets du soleil à travers les parois de plastique d’une boite !). le soleil et même la lumière sont de très bons viricides.
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Température en accord autant que possibles avec les exigeances de l’espèce en se souvenant qu’il vaut mieux être légèrement en dessous de l’optimum qu’être trop au dessus.
Voilà quelques directions de recherches à approfondir sur ce sujet aussi inépuisable qu’irritant.