Nous avons trop tendance à oublier que nous n’élevons que 1 pour mille des espèces de papillons et en plus dans des groupes très peu variés chez lesquels la règle générale est de muer 5 fois, la dernière étant la mue nymphale.
C’est oublier les microlépidoptères ; chez les mineuses c’est souvent 2 mues seulement, mais les Tineides se rattrapent avec un nombre variable de mues pouvant aller jusqu’à 17 suivant les espèces!
Pour compliquer la sauce, le nombre peut varier en fonction du milieu ; ainsi les piérides du chou à 35°C ne muent plus qu 3 fois.
Enfin, il ne faut pas oublier les cas pathologiques où il y a cessation de la production de l’hormone juvénile et à ce moment, la mue libère une nymphe (quel que soit le stade où était la chenille) et par conséquent un papillon nain. J’ai obtenu un charaxes minuscule car la chenille s’était transformée au 4ième stade au lieu du 5ième .
Maintenant je vous vois venir et me dire les yeux brillants :
« et si l’hormone juvenile continue à être sécrétée au delà du 5ième stade, on obtient une larve géante donc un papillon géant ? »
C’est vrai en théorie au moins. Si l’on injecte cette hormone juvénile peu avant la mue nymphale, on obtient non plus la chrysalide qui aurait dû normalement apparaître, mais une nouvelle chenille géante qui ne tarde pas à s’arrêter de manger et à mourir.
Spontanément c’est ce qui se passe avec Papilio alexanor, et un contrôle établi sur des années et portant sur plusieurs milliers de larves m’a donné le résultat à peu prés constant de 0,7 % de chenille faisant une mue supplémentaire et crevant lamentablement et invariablement quelques jours après, emportant dans leur mort le rêve fou d’un alexanor de 18 cm d’envergure !
On peut multiplier les exemples, mais en règle générale pour les papillons qu’on aime c’est 5 mues.