FICHE D'ELEVAGE
Le grand paon de nuit (Saturnia pyri)
Attention : Espèce protégée en Ile-de-France
Détention, collecte et élevage interdits dans toute la Région
PrésentationLe plus grand papillon d'Europe, rien que ça... Une espèce magnifique, tant pour l'adulte que pour la splendide chenille qui devient plus belle à chaque stade. Bon en fait, j'aime le grand paon !
Les imagos ont une envergure comprise entre 11 et 15cm, parfois même 16 ou 17... et la chenille, qui finira autour de 10 cm (voire un peu plus), n'est pas en reste.
On trouve le grand paon plus facilement dans la moitié sud de le France, et il ne produit qu'une génération. Il peut être attiré à la lumière, mais on utilise toujours une technique plus efficace pour connaître sa présence dans une région (voir plus bas) !
Mâle et femelle se distinguent d'un coup d’œil grâce aux antennes fortement pectinées de monsieur (et complètement filiformes chez la femelle).
L'adulte ne se nourrit pas et à une durée de vie très courte (4 à 10 jours).
Suivant les conditions d'hivernage et la région, les éclosions ont lieu dès fin mars puis surtout en avril et jusqu'en mai.
Grand mâle sauvage (antennes pectinées)
Accouplement et ponteIl suffit de placer en extérieur une femelle vierge pour voir rappliquer tous les mâles du coin, dans un rayon, dit on, de 5km (comme l'ont montré les expérimentations du célèbre Henri Fabre). C'est dire si l'accouplement est probable quand l'insecte est présent dans la région. Sinon, accouplement entre individus d'élevage.
La copulation dure pratiquement 24h, on se demande parfois si ils ont envie de finir !
La ponte est tout aussi aisée, la femelle pond facilement la totalité de ses œufs sans aucune préparation particulière. Pratique !
Oeufs et chenilles naissantes
Plantes hôtesL'embarras du choix... De très nombreux arbres et arbustes conviennent, notamment les saules, peupliers, tous les arbres fruitiers (poirier, cerisier...) et le frêne.
Je privilégie ce dernier car les résultats sont toujours excellents, avec des chenilles qui grandissent particulièrement vite. Faites le test en élevant par exemple une moitié des bêtes sur pommier et l'autre sur frêne, c'est assez bluffant !
Le frêne pullule en plus partout, et ses feuilles sont immenses. Problème : il ne tient pas dans l'eau (ou alors 36h...) et dessèche donc rapidement . Rien n'est parfait. (note : résultats similaires sur noyer, mais il est moins répandu que le frêne).
(re note : pyri sur troène ? Apparemment, ça marche pas...)
Conditions d'élevageJeunes chenillesAvec le flétrissement rapide des feuilles de frêne, il est pratique de commencer l'élevage en boites plastiques closes. Comme à mon habitude, je choisi cette méthode jusqu'en fin de L3.
A condition de respecter des conditions d'hygiène sévères, on peut élever dans un bac type 'crème glacée' 50 chenillettes en L1, autour de 30 en L2 et une dizaine en L3. Il faut alors remplacer le papier essuie tout du fond régulièrement, et enlever l'intégralité des crottes au moins une fois par jour, en particulier celles tombées sur les feuilles.
Chenille L2
Chenilles âgéesEn L4, on passe tout le monde en cages grillagées, si possible de très grands modèles pour faire face à l'appétit démesuré des chenilles et pour leur laisser assez d'espace (dans la nature, elles vivent isolées...).
Dès L4, la chenille est capable de grincer des mandibules, ce qui produit un son facilement audible et assez amusant !
Chenilles L3, L4 et L5
MaladiesCertains éleveurs et guides d'élevage nous rappellent que pyri est assez sensible aux maladies. L'espèce ne supporte pas l'humidité, surtout en L3 à L5. Les chenilles attrapent alors facilement des diarrhées et finissent par mourir. Le top est donc de les élever en atmosphère très sèche. Si la moindre chenille attrape une diarrhée dans les jeunes stades, je place toute la meute en cage grillagée et les nourries alors avec des feuilles un peu desséchées.
NymphoseAu terme de son développement, la chenille devient entièrement brunâtre orangé et se met à cavaler dans tous les sens. Il est alors préférable de la placer dans une autre cage contenant des recoins où elle pourra tisser son cocon (en sachant que le cocon peut être terriblement dur à retirer de son support...). Le cocon est plutôt grand et en forme de nasse.
Chenilles en tenue de prénymphose
L'éclosion n'aura lieu au mieux que l'année suivante, mais il est fréquent qu'elle ait lieu au bout de 2, 3 voire paraît il 5 à 10 ans plus tard ! Difficile alors de ne pas croire que les chrysalides sont encore en vie, ça vaut donc le coup de vérifier avant de les jeter !
Il est important que les chrysalides 'subissent' le froid pendant l'hiver ; il est judicieux de les placer en extérieur (mais protégées des prédateurs) ou dans un garage, cave, véranda, balcon etc... où les températures seront proches de 0°C pendant plusieurs semaines.
Il est bien connu que le cocon peut devenir si dur en élevage (manque d'humidité dans nos appartement secs...) que les papillons luttent pour en sortir et peuvent même mourir. Personnellement je déconseille fortement de sortir la chrysalide du cocon, qui a un rôle de protection évident. Par contre je profite souvent de la fin d'hiver pour découper aux ciseaux une belle entaille en croix dans l'entrée du cocon pour faciliter la sortie des adultes (avec précaution bien sûr!).
Puis naissance, accouplement, 250 œufs, nouvel élevage !